L’économie circulaire et l’industrie de la mode

publié par UniverSud en Septembre 2017

Quelles actions pour enclencher la transition vers une économie alternative ?

Depuis plusieurs décennies déjà, les organismes de protection de l’environnement ont multiplié les avertissements concernant la dégradation de l’écologie terrestre. Cela n’a pas pour autant freiné l’élan des grandes industries qui continuent de produire encore et toujours plus. Comme conséquence de cette surproduction, une surexploitation des ressources naturelles qui, comme nous le savons tous, sont pour certaines limitées. C’est le cas de l’industrie de la mode, la deuxième plus polluante au monde. La rapidité des cycles et la surproduction sont les caractéristiques phares de cette industrie. Les tendances, qui se démodent en quelques mois, incitent les consommateurs à se débarrasser de leurs vêtements encore en bon état pour en acheter d’autres, créant des tonnes de déchets.

Ces industries surproduisent pour que les populations surconsomment, mais d’ici quelques années nous serons plus de 9 milliards d’êtres humains sur terre. Parmi ceux-ci, une classe moyenne émergente qui voudra à juste titre consommer de la même façon que les occidentaux. Alors, qu’adviendra-t-il de ces ressources limitées ? Nous n’en aurons tout simplement plus. La raréfaction de nos ressources a commencé et il est de notre devoir d’adopter des comportements qui permettront de les préserver, et ce, en vivant de manière plus respectueuse à l’égard de l’Homme et pour la nature.

Ce discours semblera familier car répété maintes et maintes fois. Cependant, il ne semble pas amener à l’action consciente d’une population pourtant concernée par cette urgence. Que faut-il faire pour insinuer un changement dans les esprits ? Plusieurs se sont mis à imaginer des modèles économiques alternatifs qui répondent à cette urgence. Parmi ces alternatives, nous pouvons citer des théories comme la décroissance, l’économie positive, ou encore l’économie circulaire. Ces options ont toutes en commun une distanciation avec l’économie actuelle et une prise en compte du bien-être général. Contrairement à l’économie classique, tous ces modèles intègrent les conséquences des actions aussi bien des citoyens-consommateurs que des entreprises productrices et consommatrices. On peut alors constater un changement de paradigme dans la relation à l’achat.

Dans cet article, nous nous focaliserons sur une économie alternative en particulier : l’économie circulaire. Pourquoi parler de cette économie et pas d’une autre ? Il me semble non seulement que les bases de cette économie se retrouvent déjà dans nos comportements, mais aussi qu’il s’agirait d’une première bonne étape dans la transition.

Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

Le concept d’économie circulaire est assez nouveau, bien que les pratiques existent depuis longtemps. L’économie circulaire provient de plusieurs courants de pensée qui ont pour principe de prendre la nature comme exemple. Il s’agit donc de reproduire son fonctionnement cyclique pour éliminer toute notion de « déchet », et ne créer que de la matière secondaire, comme le feuille morte qui devient fertilisant en se décomposant. Vous l’aurez compris, la matière secondaire est ainsi le résultat de la matière première, récupérée et retravaillée pour servir à nouveau.

De nombreux processus peuvent se revendiquer de l’économie circulaire. Pour être plus précis, nous pouvons en citer sept : l’écologie industrielle, l’écoconception, l’économie de la fonctionnalité, le recyclage, la réutilisation, le réemploi et la réparation. Chacun de ces procédés présente, comme nous allons le voir, une spécificité qui vient se rattacher aux principes de base de la circularité. De nombreux exemples de la mode se sont déjà engagés dans cette voie, créant des possibilités de consommation plus durable.

L’écologie industrielle

L’écologie industrielle, comme son nom l’indique, concerne les industries. Que ce soit au niveau d’une seule structure ou d’un réseau, ceux qui la pratiquent organisent la logistique de leurs activités pour récupérer les déchets et les réinsérer dans le processus de production, créant ainsi une boucle de matière et d’énergie. Dans le cas d’un réseau d’entreprises, ces dernières vont se coordonner pour récupérer et envoyer la matière secondaire là où elle est la plus utile. Les exemples les plus parlants sont les parcs éco-industriels au sein desquels les « déchets » d’une entreprise deviennent les sources d’énergie ou de production d’une autre, et ainsi de suite.

L’écoconception

Lorsque nous parlons d’économie circulaire, nous pensons assez vite au recyclage. Cependant, ce dernier peut se montrer très coûteux et énergivore si le produit n’est pas pensé dans ce but. L’écoconception anticipe le recyclage. Il s’agit d’une approche préventive où les designers et les ingénieurs vont penser le produit en intégrant dès le départ la possibilité de récupérer la matière. Il existe plusieurs critères à prendre en compte lors de l’élaboration d’un produit destiné au recyclage : la durée de vie, les propriétés de recyclage de la matière, la fonctionnalité, l’assemblage (et le désassemblage), etc. Tous ces détails permettront aux entreprises d’économiser en temps, en argent et surtout en énergie. Prenons l’exemple de l’industrie de la mode, à l’heure actuelle, un vêtement peut contenir plusieurs matières différentes et être couvert d’accessoires, comme des perles ou des boutons, ce qui vient fortement compliquer le recyclage ! Imaginez devoir recycler des tonnes et des tonnes de vêtements… En considérant le temps et l’énergie nécessaires, il deviendrait important d’imaginer des produits faciles à désassembler, non ? L’écoconception pourrait répondre à ces difficultés en intégrant des possibilités de recyclage dès la création du vêtement.

L’économie de la fonctionnalité

Bien qu’elle puisse être étudiée séparément, l’économie de la fonctionnalité peut être rattachée à l’économie circulaire dès lors qu’elle cherche elle aussi à initier une nouvelle manière de consommer et à inverser ainsi la tendance à créer du déchet. Dans le cas présent, les entreprises ne proposent plus de vendre le produit mais l’usage de ce produit. La valeur symbolique de propriété est remplacée par la valeur fonctionnelle d’usage. De plus en plus d’entreprises émergent sur base de ce modèle. Dans le monde de la mode, Tale me ou Les ReBelles d’Anvers sont des sociétés belges qui fonctionnent sur le principe de la location de vêtements, permettant ainsi de faire face à l’important turnover des tendances modes et, par là, de lutter contre la constitution de déchets. Ainsi, au moyen de systèmes d’abonnements, vous pouvez choisir de nouvelles pièces chaque mois et renouveler sans cesse votre garde-robe !

Le recyclage

Le recyclage est le processus le plus évident quand nous parlons de circularité. Il fait depuis longtemps partie de nos mœurs mais reste pourtant sous-exploité. Le but est ici de réutiliser la matière première. Pour la récupérer, il faut trier les produits et les désassembler. Récemment, on a pu entendre parler de robes constituées entièrement de bouteilles plastiques recyclées. C’est un exemple probant des possibilités qu’amène le recyclage. Certaines marques et bureaux d’études engagés dans la démarche circulaire sont actuellement en train de mener des recherches permettant de trouver de nouvelles manières de créer un tissu à base de « déchets » (plastique, ancien vêtement, …) et de ressources substituts, telles que le bambou.

La réutilisation, la réparation et le réemploi

Ces pratiques sont à la portée de tous, chacun peut facilement s’y atteler. Bien qu’il y ait un manque de communication sur les possibilités de réparation, il existe une multitude d’options. En ce qui concerne le réemploi et la réparation, la différence entre ces deux termes est parfois floue ; le réemploi signifie que nous allons utiliser un objet selon sa fonction d’origine. Etant donné que la mode elle-même se répète, nous pourrions prendre une veste vieille de dix ans, la remettre un peu au goût du jour en la customisant, et ainsi la faire durer pourquoi pas encore dix ans ? La réutilisation, quant à elle, signifie que nous allons utiliser un objet pour une fonction différente, comme par exemple couper un vieux jeans pour en faire un sac. Encore une fois, ces façons de faire ne sont pas évidentes pour tous et tiennent surtout d’habitudes de consommation qu’il serait pourtant aisé d’adopter.

Toutes ces pratiques sont rassemblées autour de la notion d’économie circulaire car elles répondent à un ensemble de principes fédérateurs au sein de cette économie : la longévité, la qualité, la fonctionnalité, et l’absence de déchets. Plusieurs entreprises ont décidé d’intégrer ces principes dans leur production ; pour certains l’intégration est plus récente et pour d’autres elle est présente dans l’ADN du business. Si nous prenons l’exemple de l’industrie de la mode, nous pouvons tous les jours voir des représentations de cette économie : les magasins de seconde main, les bulles à vêtements, les collections écologiques dans les grandes chaines de magasins, ect. Un peu partout sur le marché, nous pouvons remarquer des tendances au changement. Les industriels sont conscients que pour durer, il faut s’adapter au contexte actuel dans lequel les matières premières se font de plus en plus rares, et ainsi de plus en plus chères.

Mud Jeans

 

Les sociétés qui décident de baser leur modèle sur l’alternative circulaire émergent un peu partout dans le monde et, bien que chacune soit différente, elles cherchent toutes à déconstruire le consumérisme classique pour retourner à une consommation responsable.

Un cas qui attire l’attention, car regroupe beaucoup des concepts vus plus haut, est celui de la société  Mud Jeans.

Economie de la fonctionnalité, réemploi, recyclage et écoconception sont présents au sein de leur modèle. En effet, les jeans préalablement conçus pour tenir sont loués puis réemployés ou recyclés une fois rendus à leur propriétaire c’est-à-dire la société elle-même.

Encore une fois, ce n’est qu’un exemple parmi d’autres d’entreprises qui, dès le départ ou petit à petit, tentent de produire de manière responsable et d’enclencher une nouvelle relation avec leurs clients, relation empreinte de réflexion et de responsabilité mutuelle.

L’économie circulaire, des économies tout court.

En plus de l’intérêt écologique qu’il présente, plusieurs études démontrent que le modèle circulaire apporte un avantage en matière de coût qui permet aux entreprises qui l’appliquent d’être compétitives. En effet, en pratiquant le recyclage, les entreprises peuvent faire des économies sur l’approvisionnement en puisant dans leur stock de matières secondaires, c’est-à-dire leurs déchets. C’est d’autant plus vrai pour les entreprises qui ont intégré dès le départ le recyclage dans leur logistique. Pour les autres, si les coûts d’investissements pour passer en économie circulaire peuvent être importants sur le court terme, l’intégration de cette nouvelle phase dans la structure de l’entreprise s’avère bénéfique sur le long terme.

Nous parlons des entreprises cependant ; ces dernières ne sont pas les seules à économiser de l’argent grâce à l’économie circulaire. En consommant autrement, les populations pourront aussi épargner. À l’heure actuelle, nous sommes nombreux à penser nous enrichir car nous pouvons acheter beaucoup de biens à petits prix. Pourtant, nous avons surtout tendance à nous appauvrir car ces produits sont jetés à peine utilisés et puis renouvelés encore et encore. La circularité promeut la longévité des produits d’une qualité telle qu’il ne sera pas nécessaire de les racheter sans arrêt.

À ce titre, il existe une grande différence entre l’économie classique actuelle et l’économie circulaire : le rôle du consommateur. L’économie classique considère le consommateur comme un être passif soumis sans arrêt à une multitude de publicités qui créent en lui de nouveaux « besoins ». Au sein de l’économie circulaire, il est question du « consom’acteur », un citoyen informé et conscient des conséquences de ses achats. Le « client » – terme qui introduit la notion de choix de l’achat- détient alors un rôle important dès lors qu’il devient un maillon de la chaîne de production : sa part du travail est de rapporter le produit en fin de vie afin qu’il soit recyclé, ou de faire preuve de créativité pour le réutiliser. Enfin, le citoyen est actif dans ses choix de consommation. Via un label par exemple, il sera responsabilisé car dûment informé sur la fabrication et l’origine de ce qu’il a acheté. Ce modèle alternatif, c’est aussi ça : la responsabilisation de chacun des acteurs impliqués dans le marché, un effort de la part de chacun et une coopération pour avancer vers une solution.

Une économie à développer…

Où en est-on concrètement ? Comment intégrer l’économie circulaire dans nos habitudes ?

Tout d’abord, au niveau des entreprises, la réussite de l’une peut engendrer du changement.  Comme bien souvent, les exemples de réussite sont le plus précieux des incitateurs pour le reste de l’industrie. Il est donc important que des entreprises engagées dans le processus partagent leur expérience afin de pouvoir démontrer ses avantages, de discuter des possibles barrières et tenter de les dépasser, et de donner envie aux citoyens qui souhaitent démarrer une entreprise de franchir le pas. Plus il y aura d’entreprises à l’ADN circulaire, plus cela fera pression sur le marché et deviendra une normalité. Il n’y a que la mise en pratique qui puisse permettre de voir les possibilités que renferme ce modèle. De plus, c’est en pratiquant que nous pouvons être innovants et avancer toujours plus loin et toujours plus vite. Ce point est aussi important car, comme pour beaucoup de nouveaux modèles, la recherche et l’innovation occupent une place centrale dans leur émergence et dans leur prospérité. Les acteurs engagés[1] de ce mouvement l’ont compris et beaucoup ont mis en place des bureaux de recherche et de promotion. De leurs actions, nous pouvons retenir plusieurs mots-clés qui aideront l’adoption de cette alternative : promotion, innovation, et partenariats.

Pour soutenir ces entreprises qui se lancent dans l’économie circulaire, nous pouvons décider d’adopter un comportement plus actif au sein du marché. Au lieu d’acheter la première chose que nous voyons, nous pouvons prendre le temps de nous informer sur les possibilités qui s’offrent à nous, de nous questionner sur notre action et sur l’action des entreprises. Nous pouvons prendre la décision de participer à notre économie en prenant en charge nos biens une fois arrivés en fin de vie. Nous pouvons prendre du recul sur notre consommation quotidienne pour nous rendre compte qu’il existe des consommations alternatives. S’informer est la première étape vers le changement. La volonté de changer est propre à chacun, il est important de faire ce choix en connaissance de cause.

Enfin, les lois peuvent impulser le changement au sein des marchés. Ainsi, les états pourraient prévoir des mesures qui encourageraient les comportements responsables de type circulaire (subsides, taxes, certifications, labellisation, recherche, innovation,ect.) que ce soit pour les entreprises ou pour les citoyens.

Au niveau mondial, une première bonne chose, me semble-t-il, est que, si nous regardons de plus près aux politiques provenant des quatre coins du monde, nous pouvons voir qu’il existe une compréhension commune des principes qui régissent l’économie circulaire. Sur chaque continent, il existe une politique d’économie circulaire, bien que chacune s’applique à des degrés divers selon le contexte national. Ce caractère international de l’économie circulaire est important car, comme nous le savons, les marchés se sont depuis longtemps globalisés. Les chaines de production sont donc internationales, ce qui conduit une entreprise à prendre en compte beaucoup de facteurs externes à son fonctionnement propre. Si une entreprise souhaite intégrer la circularité, cela engendre soit un alignement de la part des fournisseurs, soit l’intégration d’une structure circulaire dans les usines délocalisées. La présence d’une politique circulaire au sein de chaque pays permet ainsi une harmonisation de l’industrie engagée et facilite le changement. En Europe, plus précisément, nous remarquons une nouvelle tendance avec l’adoption de la stratégie EU 2020. Cette stratégie propose plusieurs mesures qui visent plus d’efficience en matière de gestion des ressources, et donc plus de recyclage.

En ce qui concerne la Belgique et l’industrie de la mode, bien que des initiatives tant citoyennes que gouvernementales émergent au sein de chaque région, l’exemple le plus accompli est celui de la ville d’Anvers, qui a lancé un appel à projet pour une économie circulaire appelée  Plan C. Cet appel a notamment donné lieu à Close the loop, un projet mené par le Flanders Fashion Institute, centré sur l’apport d’aide aux entreprises de mode qui souhaitent soit effectuer une transition, soit se construire sur les bases de l’économie circulaire.

Enfin ce sont nos mœurs qu’il faudrait également changer. Notre façon actuelle de consommer n’est pas naturelle, elle est née avec le capitalisme, et s’est banalisée, elle est devenue une partie intégrante de notre culture. Il faut dès lors multiplier les lieux d’éducation à une consommation alternative, à l’école bien entendu mais également en dehors : créer des ateliers de réparation d’objets, ou toute autre pratique nous évitant de jeter et de courir dans un magasin pour le remplacer lorsque quelque chose est cassé. À nous consommateurs de donner l’exemple. C’est la meilleure manière de conscientiser et de montrer qu’autre chose est non seulement possible mais en plus pas si compliqué.

L’économie actuelle nous envoie droit dans le mur. Bien que nous ne puissions récupérer les ressources épuisées jadis, nous pouvons encore faire en sorte de préserver les ressources actuelles. Pour cela, une coopération entre tous les acteurs est nécessaire en vue de faire émerger de nouveaux comportements plus responsables et plus respectueux.

 

 

Elora Majean

 

 

 

Pour les intéressés, voici quelques références :

 

Kate Goldsworthy : http://www.kategoldsworthy.co.uk/

Kate Fletcher : http://katefletcher.com/

Eco-age : http://eco-age.com

The True cost movie : https://truecostmovie.com/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des vaches pour la planète

 

publié par UniverSud en Septembre 2017

Dans un contexte de réchauffement climatique et d’épuisement des ressources, le secteur de l’élevage, et plus particulièrement celui des bovins, est mis à mal : pollution, compétition alimentaire, effets néfastes pour notre santé… Veaux, vaches et taureaux ont décidément bien mauvaise réputation.

La solution avancée par certains, qui consisterait à repenser l’agriculture sans productions animales, est non seulement simpliste, mais tout aussi dangereuse pour l’environnement que ne le sont les productions intensives. La présence des bovins dans nos paysages est capitale si nous voulons une agriculture durable.

LES MAUVAIS CHIFFRES

Inutile de nier l’évidence : oui, l’élevage bovin tel que nous le connaissons aujourd’hui est polluant et grand consommateur d’eau. Mais quelles données se cachent réellement derrière les chiffres?

Les bovins sont en grande partie responsables des 13% d’émission de Gaz à Effets de Serre (GES) dues à l’élevage. Le rapport de 2013 de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), Tackling climate change through livestock[1], montre que le coût environnemental le plus lourd revient à l’alimentation des animaux : les cultures de soja qui contribuent à la déforestation de la forêt amazonienne, l’utilisation massive d’engrais qui épuisent les sols, et le mauvais épandage des effluents (fumier, lisier) polluent les nappes phréatiques. Le bilan peut sembler sombre mais il contient en lui-même toutes les solutions. De plus en plus d’éleveurs recherchent déjà des alternatives au soja qui, outre son coût écologique, a un coût économique non négligeable. Quant à la gestion des effluents et à l’utilisation des engrais, les pollutions peuvent être réduites voire cessées en renouant le lien qui existe entre les productions végétales et animales. Concernant les rejets de méthane (que l’on désigne souvent par les « rots » des vaches), ils sont inhérents au processus de digestion des ruminants et donc difficiles à contrôler. Des études montrent qu’en augmentant la proportion d’aliments contenants peu de parois végétales (concentrés) aux dépens des fourrages ou encore en complémentant la ration avec du lin extrudé, c’est-à-dire du lin ayant subi un traitement thermomécanique permettant de le compresser, on peut diminuer la quantité de méthane dégagé lors de l’éructation. Il s’agit là de bonnes solutions, mais qui doivent être intégrées à l’ensemble du processus d’élevage. En effet, la distribution de concentrés se fait généralement aux dépends des surfaces enherbées et l’extrusion a un coût énergétique non négligeable. Il ne faut donc pas oublier que les chiffres ne sont que…des chiffres, et les défis environnementaux auxquels l’élevage fait face doivent être abordés dans le contexte d’un système intégré si l’on veut trouver des solutions durables.

L’exemple est encore plus flagrant avec l’empreinte eau. Si l’on reprend les chiffres du Water Footprint Network[2], il faut 15.415 litres d’eau pour produire un kilogramme de viande bovine et 1.020 litres pour produire un litre de lait. Mais à quoi est utilisée toute cette eau ? Pour 90%, il s’agit de la comptabilisation de l’eau de pluie présente dans le sol des terres cultivées et des prairies. Cette eau va être soit absorbée par les plantes, soit s’évaporer du sol et sera alors perdue en tant que ressource. En tenant compte de ce système de calcul, l’empreinte eau n’est donc pas un repère absolu pour définir un système durable. En effet, plus un élevage aura de prairies, plus son empreinte eau sera importante. Au contraire, un élevage où les vaches sont en claustration totale aura une empreinte eau plus faible.

Nous voyons que ces pollutions tiennent plus à notre façon de raisonner l’élevage qu’à la présence même des ruminants dans notre système agricole. Les bovins sont même indispensables à la mise en place d’une agriculture durable.

LA VIE EST UN CYCLE

La vache mange l’herbe, la digère, puis fertilise le sol par ses déjections, permettant ainsi à l’herbe de repousser. Même si la réalité est plus complexe, on peut retenir que ce cycle permet la circulation de l’azote, un élément nécessaire à la fertilité du sol. Sans déjections animales, on doit apporter cet élément d’une autre source, avec des engrais chimiques. Sur le long terme, ces engrais détruisent la flore et la faune des sols, augmentant le risque de désertification lorsque les terres ne sont plus cultivables. Il y a donc aberration à défendre une agriculture durable tout en cherchant à supprimer l’élevage, puisque c’est justement de la rupture du lien entre végétal et animal que sont nés la plupart des problèmes environnementaux que l’on connait.

L’élevage bovin a de plus la particularité de valoriser les prairies. En effet, sans les ruminants, pas de prairies. Ces terres seraient soit des friches soit des cultures, alors que les pâturages sont essentiels dans la lutte contre les émissions de GES et dans la préservation des sols. Les prairies permanentes, c’est-à-dire non labourées, constituent ce que l’on appelle des « puits de carbone », au même titre que les océans ou les forêts, ce qui veut dire qu’il y a plus de dioxyde de carbone atmosphérique capté par les plantes qu’il n’y en a de libéré. Ainsi, selon les élevages, le dioxyde de carbone capté par les prairies peut compenser de 5 à plus de 50% des émissions de méthane dues. Les sols de ces prairies sont également plus riches en biodiversité botanique et animale que les sols cultivés, ils sont préservés de l’érosion et permettent le réapprovisionnement des nappes phréatiques en eau pure.

L’enjeu consiste donc à retrouver un équilibre entre animaux et végétaux, les uns ne pouvant se développer sans les autres.

VACHES OU CEREALES : IL N’EST PAS NECESSAIRE DE CHOISIR

Une autre critique souvent entendue concerne la compétition alimentaire. Ce n’est pas un secret : une vache, ça mange. Et ça mange même beaucoup. Alors faut-il supprimer l’élevage pour que les céréales utilisées dans l’alimentation des animaux soient directement destinées à l’alimentation humaine ?

Depuis les années soixante, les productions mondiales de céréales n’ont fait qu’augmenter (à part ces dernières années, à cause du réchauffement climatique). Malgré cela, il n’y a jamais eu autant de personnes souffrant de la faim, dont la moitié d’entres elles sont des agriculteurs. D’un point de vue planétaire, les problèmes de sécurité alimentaire sont plus dus à une mauvaise répartition des richesses, au gaspillage et à la vulnérabilité des petits producteurs face aux aléas climatiques et géo-politiques plutôt qu’à un manque absolu de nourriture.

Il est d’ailleurs faux de croire que les vaches, même dans les élevages les plus intensifs, ne sont nourries qu’au maïs et au soja. Ces aliments sont utilisés uniquement pour complémenter en énergie et en protéines les animaux avec des besoins importants (comme les vaches en lactation). Même lorsqu’ils constituent une part importante de l’alimentation, plus de 60% de la ration reste des fourrages. En effet, comme nous l’avons dit un peu plus haut, les vaches mangent de l’herbe et c’est même là tout leur intérêt : grâce à leur processus digestif si particulier, elles sont capables de valoriser des aliments non consommables par l’être humain et de les transformer en protéines de haute qualité (entendons ici, lait et viande). C’est par exemple le cas des déchets de l’agro-industrie qui ne pourraient être valorisés autrement : drêches de brasserie, pulpes de betteraves après extraction du sucre, etc.

L’alimentation des bovins peut et doit être repensée pour diminuer son impact écologique, mais la compétition pour les ressources alimentaires n’est pas due à la présence des animaux mais aux inégalités entre les hommes.

LAIT ET VIANDE NE SONT PAS NEFASTES POUR LA SANTE

Dans le domaine de la santé, plusieurs types d’arguments sont avancés.

Basés sur des considérations anthropo-anatomo-physiologiques, les premiers types d’arguments rapportent que notre corps ne serait pas conçu pour digérer le lait ou la viande. Mettons-nous d’accord sur ce point : notre système digestif possède toutes les enzymes et les organes nous permettant, non seulement de digérer ces aliments, mais aussi de les assimiler. S’il est vrai que nous sommes les seuls mammifères à consommer encore du lait à l’âge adulte, c’est que le gène de l’enzyme nous permettant de le digérer, la lactase, a muté chez certaines populations humaines il y a de cela déjà plusieurs milliers d’années. Il est vrai cependant que certaines personnes sont dépourvues de cette enzyme, ou la voient diminuer avec l’âge, ce qui provoque de l’intolérance. De même, certains possèdent l’enzyme mais développent une réaction immunitaire excessive à l’encontre des produits laitiers, causant de l’allergie. Cependant, remet-on en cause la consommation des fruits à coques et leurs effets bénéfiques parce que l’on peut être allergique aux noix?

Concernant les risques pour notre santé, si certains cancérologues condamnent le lait pasteurisé aucun nutritionniste ne conseille pour autant d’arrêter toute consommation de produits laitiers. C’est le processus de pasteurisation qui est mis en cause, non le lait. Quant à la viande de bœuf, elle est source de cholestérol et il faut la considérer avec modération, comme tous les aliments. L’augmentation dans nos sociétés de maladies telles que les problèmes cardio-vasculaires ou l’obésité sont tout autant à mettre en relation avec notre consommation croissante de sucres et de graisses saturées présents dans la nourriture industrielle.

La question des antibiotiques et des hormones véhicule également beaucoup de craintes. Il faut savoir que les antibiotiques ne peuvent être utilisés qu’à des fins médicales et non pour stimuler la croissance des animaux, cette pratique étant interdite dans toute l’Union Européenne depuis 2006[3]. Leur usage est d’ailleurs strictement contrôlé par l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire (AFSCA). Il faut aussi se rassurer sur le fait que les antibiotiques administrés à une vache malade ne se retrouvent pas dans nos assiettes. En effet, l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé a déterminé pour chaque produit utilisé en élevage « le temps à respecter entre la dernière administration du médicament à usage vétérinaire et la collecte des denrées alimentaires, ou la période durant laquelle le lait [et la viande] ne peuvent pas être utilisés pour la consommation humaine. A l’issue de ce temps d’attente, la teneur en substances actives provenant du médicament est suffisamment basse pour être considérée comme inoffensive ». On considère ainsi qu’une personne de 60 kg peut manger 500g de viande et boire 1.5L de lait tous les jours de sa vie sans apercevoir d’effets sur sa santé liés aux résidus d’antibiotiques. De quoi satisfaire les appétits les plus voraces. La transmission d’antibio-résistance de l’animal à l’homme est pourtant une grande source d’inquiétude, bien que les cas recensés restent extrêmement rares. Ces cas ont pour origine l’ingestion ou le contact direct avec une bactérie multi-résistante venant d’un élevage. Il est donc évidemment primordial de pratiquer l’usage raisonné des antibiotiques, mais de même que les résistances qui apparaissent chez les animaux proviennent de l’usage d’antibiotiques en médecine vétérinaire, les résistances qui apparaissent chez l’homme sont dues aux traitements utilisés en médecine humaine. En aucun cas nous ne développons de résistance antibiotique par l’ingestion de résidus de médicaments dans le lait ou la viande.

A propos des hormones, après les scandales des années 1980 pendant lesquelles des éleveurs, des vétérinaires et des pharmaciens ont fait leur beurre en utilisant ces substances pour accroitre artificiellement la croissance des bovins, la législation belge est devenue l’une des plus sévère sur le sujet et l’AFSCA procède à des contrôles fréquents. Pour l’heure, certaines hormones sont encore utilisées en production bovines, notamment pour le traitement des troubles de la reproduction, mais possèdent elles aussi un temps d’attente soumis à la législation européenne[4] pour protéger notre santé.

Avant de nous priver de lait ou de viande, il ne faut pas oublier que ces aliments nous apportent des nutriments essentiels que l’on retrouve difficilement ailleurs, comme la vitamine B12, indispensable au bon fonctionnement cellulaire, ou encore le calcium, la vitamine D, etc. Beaucoup de végétariens/végétaliens doivent se complémenter pour compenser leurs carences alimentaires. Nous devons rééquilibrer nos régimes et non les déséquilibrer en se privant de toute source de protéines animales.

ALORS, QUELLES SOLUTIONS ?

Finalement, entre ce qui est bon pour notre santé, bon pour la planète et bon pour notre porte-monnaie, on ne sait plus vraiment que choisir. Faut-il continuer à consommer de la viande et du lait, même s’ils sont issus de l’élevage conventionnel (sans label) ? Vaut-il mieux privilégier la production locale ou l’agriculture biologique ? Si de la viande « bio » est produite loin de chez nous et qu’il a fallu la transporter sur de longues distances, son impact environnemental est-il meilleur ou pire que celui d’une vache qui a pâturé « conventionnellement » dans la prairie voisine ?

En vérité, il n’existe pas de solution miracle. Acheter local permet de court-circuiter la grande distribution et a un impact social et environnemental positif, et si vous visitez quelques fermes autour de chez vous, je suis même sûre que vous vous rendrez compte qu’il n’est pas nécessaire d’être labélisé « Agriculture biologique » pour garantir de bonnes pratiques d’élevage. Cependant, pour celui qui ne connait pas d’éleveurs, le système de labels est un repère essentiel et celui d’« Agriculture biologique» garantie des pratiques respectueuses des animaux et de l’environnement. La question du coût ne doit pas non plus être négligée : la viande et les produits laitiers transformés coûtent chers, si on les achète à leur juste valeur. Les prix concurrentiels proposés par la grande distribution ne peuvent être maintenus que grâce à un élevage intensif.

Alors, que consommer pour se faire plaisir tout en restant en accord avec nos valeurs ? Je pense qu’il faut commencer par se pardonner d’être des humains faits de contradictions : on peut défendre l’élevage local mais acheter des bananes ou des avocats qui ont fait un sacré long voyage avant d’atterrir dans nos paniers. Il revient à chacun de faire ses choix, tant qu’ils sont éclairés, selon ses moyens et ses envies. Connaissons les opportunités et les limites de chaque mode de consommation pour garder le débat ouvert et éviter les jugements hâtifs.

Pour conclure, il est tout à fait compréhensible que certaines personnes refusent de consommer tous produits d’origine animale lorsque cela va à l’encontre de leur éthique personnelle, mais il ne faut pas tomber dans le piège des justifications scientifiques douteuses pour appuyer ce choix. L’élevage est nécessaire à une agriculture saine et durable.

Enfin, rappelons que l’élevage est un moyen de subsistance pour des milliers d’hommes et de femmes, voisins, amis, connaissances, travaillant dans un contexte difficile : pressions financières exercées par les grands groupes de l’agro-industrie et de la distribution, mondialisation et concurrence internationale, crises sanitaires, etc. Certains s’en sortent bien, mais d’autres y laissent des plumes. De nombreuses solutions adaptées aux problématiques individuelles existent déjà : circuits courts, autonomie fourragère, etc. A nous de soutenir ces initiatives en privilégiant leurs produits et non en les délaissant.

 

 Laure HAELEWYN

 

[1] http://www.fao.org/docrep/018/i3437e/i3437e00.htm

[2] http://waterfootprint.org/en/water-footprint/product-water-footprint/water-footprint-crop-and-animal-products/ et http://waterfootprint.org/en/water-footprint/what-is-water-footprint/

[3] Directive 96/22/CE modifiée par les Directives 2003/74/CE et 2008/97/CE

 

[4] Règlement (CE) n° 470/2009 du Parlement européen et du Conseil du 6 mai 2006 établissant des procédures communautaires pour la fixation des limites de résidus des substances pharmacologiquement actives dans les aliments d’origine animale et Règlement (UE) n° 37/2010 de la Commission du 22 décembre 2009 relatif aux substances pharmacologiquement actives et à leur classification en ce qui concerne les limites maximales de résidus dans les aliments d’origine animale

Connaissances, représentations, attitudes et engagements en matière de solidarité internationale des étudiants de l’Uliège

publié par UniverSud en Décembre 2017

UniverSud-Liège a pour objectif et mission de sensibiliser et de mobiliser la communauté universitaire de l’Université de Liège et plus particulièrement les étudiants autour de la solidarité internationale. Pour ce faire nous réalisons un double travail  de sensibilisation et de mobilisation. Cette double action se renforce: une compréhension fine et nuancée des enjeux mondiaux et de la coopération est le garant d’un engagement fort et durable pour la solidarité internationale, engagement qui passe notamment par la sensibilisation des paires aux thématiques Nord-Sud formant par-là un cercle vertueux.

Afin de mener à bien cette mission, il nous a semblé utile de faire le point sur les connaissances, les représentations, les attitudes et les comportements des étudiants: que connaissent-ils des enjeux Nord-Sud ? De la coopération au développement ? Comment se la représentent-ils ? Par quels canaux s’informent-ils ? Considèrent-ils qu’ils ont un rôle à jouer dans la coopération internationale ? Considèrent-ils que l’université est un acteur pertinent dans la lutte contre la pauvreté ? Est-ce qu’ils s’engagent ? Si oui, comment ? Quelles sont leurs motivations ? Nous voulions également savoir si ces différents éléments  sont influencés par leur niveau et leur domaine d’études, par leur sexe ou encore par le fait qu’ils soient étrangers.

Evaluer l’impact d’activités de sensibilisation, le degré de connaissance des problématiques, les conceptions, les positions ou encore l’engagement vis-à-vis de la solidarité internationale n’est pas chose aisée. Surtout auprès d’un public aussi large et diversifié que sont les un peu plus de vingt mille étudiants de l’Uliège. Si nous réalisons des évaluations continues pour chacune de nos activités, elles ne nous donnent qu’une information parcellaire et il faut le reconnaître assez biaisée : elles ne nous informent que sur les connaissances et l’engagement de nos participants a priori déjà sensibles aux thématiques que nous portons et souvent bienveillants vis-à-vis de nos activités.  Dès lors, une enquête de large ampleur, avec un échantillonnage représentatif de tous les étudiants de l’Uliège nous paraissait t utile pour faire le point sur ces questions, nous permettre d’identifier les leviers et les orientations à donner à notre action. Cela nous permettra de ne pas laisser de côté certaine frange de notre public alors que d’autres auraient accès à une offre surabondante, de mettre nos forces plutôt dans l’information ou plutôt dans la mobilisation en fonction des publics ou encore d’identifier les canaux d’information privilégiés par les étudiants etc.

Afin d’assurer la rigueur méthodologique et d’obtenir les résultats les plus riches et fiables possibles nous avons fait appel au Service de Socio-Anthropologie du développement de l’ULiège qui a réalisé pour nous cette enquête. Nous les remercions pour leur précieuse collaboration, en particulier Véronique Fettweis pour en avoir été la cheville ouvrière et Gautier Pirotte pour la supervision scientifique.

Enfin par sa représentativité, ce travail pourra également servir d’indicateur pour tout acteur travaillant à promouvoir la solidarité internationale auprès d’un public d’étudiants du supérieur. Pour ceux qui souhaiteraient réaliser le même type d’enquête auprès de son public, l’ensemble de la méthodologie ainsi que le questionnaire utilisé sont explicités dans l’enquête, nous espérons qu’ils pourront être utiles.

Téléchargez l’étude ici

Voix Solidaires (UniverSud) #07 – Poubelles : mines modernes

Des métaux précieux dans les déchets électroniques aux matières biodégradables dans les déchets ménagers, nos poubelles regorgent de richesses qui, grâce à l’innovation technique, sont de plus en plus exploitées. Le déchet recyclé redevient « matière première »et prend de cette manière le tournant du développement durable. Pourtant, ces richesses potentielles soulèvent de nouveaux enjeux entre le Nord et le Sud : si le phénomène « Afrique poubelle de l’Europe » a été, à juste titre, dénoncé, les métaux précieux présents dans les déchets électriques et électroniques changent la donne. On constate alors une inversion du sens du flux : les GSM cassés et autres déchets précieux sont envoyés par conteneurs de l’Afrique vers l’Europe. Un phénomène qui risque de créer une nouvelle forme de captation des richesses du Sud par le Nord. Pour que le développement durable soit aussi solidaire, il faudra que le Nord partage ses secrets d’alchimiste.

Voix Solidaires (UniverSud) #09 – Femmes & Hommes, à égalité?

Si, depuis quelques décennies, la place des femmes a sensiblement évolué dans notre société, celles-ci sont encore loin d’être à l’égal des hommes. Dans le dossier de ce Voix Solidaires nous faisons le point sur ce qu’est une approche genrée, nous analysons les différences dans les trajectoires de carrière des femmes et des hommes à l’Université, enfin, nous explorons, à travers les parcours de migrantes sud-américaines et les projets de lutte contre la malnutrition, comment une approche qui tient compte des positions spécifiques des deux sexes peut être un levier pour résorber les inégalités entre eux mais également entre le Nord-Sud.

Voix Solidaires (UniverSud) #08 – L’économie pour tous

Dans ce numéro, vous découvrirez l’histoire de ces travailleurs qui pilotent ensemble leur entreprise, de ces communautés qui créent des caisses de solidarité pour que les personnes malades puissent se soigner, des entrepreneurs qui créent des chaines commerciales pour que notre consommation d’ici ne soit pas mortifère pour ceux de là-bas. Ce ne sont que quelques exemples. Tous, nous avons entendu parler et participons à des projets qui nous permettent de reprendre le contrôle sur nos activités de production, d’échange et de consommation, les rendant davantage en cohérence avec nos aspirations à un monde plus juste et construisant l’économie telle qu’elle devrait toujours être : sociale et solidaire.

Voix Solidaires (UniverSud) #10 – Justice migratoire

Politiques des fermetures des frontières et rejet de l’Autre ne sont pas une fatalité. Une société fondée sur des valeurs d’accueil, d’hospitalité qui met la dignité humaine au centre des politiques publiques est possible.

Vers la transition agroécologique, l’insertion socioéconomique de populations fragilisées et un engagement citoyen face aux enjeux sociétaux et climatiques