La science a-t-elle un genre ?

En interrogeant les représentations de genre dans les filières scientifiques, ce projet vise à sensibiliser la communauté universitaire aux stéréotypes sexistes et aux inégalités structurelles dans le milieu académique, en adoptant une approche intersectionnelle¹.

Contexte

Gembloux Agro-Bio Tech atteint depuis plusieurs années une parité de genre au niveau du bachelier. Malgré cela, nous constatons qu’une différence au niveau du genre se marque lors du choix du master. Sur les 10 dernières années, le master en sciences et technologies de l’environnement attire en moyenne 65% d’hommes contre 35% de femmes. Cette différence genrée est d’autant plus marquée parmi les membres du personnel académique et scientifique. 

Selon une étude réalisée par l’Union Européenne en 2021; “She figures -Gender in research and innovation: statistics and indicators”, on remarque que la Belgique n’est pas la meilleure des élèves notamment dans la proportion des femmes titulaires d’un doctorat et la proportion de femmes dans le domaine de la recherche (2018). En avançant dans leurs années de recherche, le nombre de femmes diminue pour arriver au constat que les professeurs et responsables de service de la faculté sont majoritairement des hommes.  

Par le passé, une campagne d’affichage a été réalisée par Zherot, collectif partenaire du projet. Ces affiches visaient à mettre en évidence “L’effet Matilda” dans la science, ou l’invisibilisation des femmes dans les métiers scientifiques. Il n’est pas rare, et l’histoire nous l’a montré, que des découvertes réalisées par des femmes scientifiques soient accréditées par des hommes ou des directeurs de thèse. Ce projet vient donc aussi en continuité de cette campagne. 

Face aux inégalités de traitement, nous nous posons également la question de la « race sociale »² dans les carrières liées à la recherche. En effet, peu de personnes racisées accèdent à des fonctions de recherche et d’enseignement.  Lors de nos recherches, nous n’avons pas trouvé de contenu sur la représentation des personnes racisées au sein de la faculté, c’est pourquoi il nous paraît essentiel de donner une place à leurs vécus dans les témoignages et récits de vie sur lesquels nous travaillerons.  L’intersection entre le genre et la race sociale nous semblent être opportune pour comprendre et visibiliser les rapports de domination dans le milieu académique.

 

Nous remarquons que ce sont souvent les femmes qui se sentent concernées par les enjeux de l’égalité de genre, qui participent aux activités et qui contribuent à faire avancer les réflexions. Qu’en est-il de la position des hommes sur ces réflexions ? Quel est leur rôle à jouer dans la déconstruction des stéréotypes sexistes dans le milieu académique scientifique ? C’est une réelle problématique sur laquelle Eclosio, ONG de l’Université de Liège, et Zherot, le collectif anti-discrimination de la faculté d’Agro-Bio Tech proposent la mise en place de ce projet “La science a-t-elle un genre ?” avec deux portes d’entrée : les personnes racisées et les masculinités.  

Objectifs

  • Questionner les stéréotypes sexistes dans les filières scientifiques à travers une approche intersectionnelle.

  • Donner la parole aux femmes, en particulier racisées, dans le domaine scientifique, pour visibiliser leurs parcours et obstacles.

  • Interroger les masculinités et les positions d’hommes dans le milieu académique afin de réfléchir à leur rôle dans la perpétuation ou la déconstruction des stéréotypes.

  • Sensibiliser les étudiant·es aux mécanismes d’exclusion dans les choix de filières et les carrières scientifiques.

  • Créer une dynamique participative autour de la thématique du genre et des sciences sur le campus de Gembloux Agro-Bio Tech.

Activités

  • Création de stickers diffusés sur le campus pour interpeller et susciter la réflexion autour des stéréotypes de genre.

  • Ateliers et formation : une formation sur le féminisme intersectionnel avec Brenda Odimba, militante décoloniale, pour déconstruire les stéréotypes sexistes dans une perspective systémique.

  • Ciné-débat autour du film Électrons libres de Safia Kessas, qui retrace les trajectoires de six femmes scientifiques belges.

  • Arpentage de la bande dessinée Game-Ovaire, pour décrypter les stéréotypes dans les milieux scientifiques et imaginer d’autres futurs.

  • Exposition participative (septembre 2025) mêlant statistiques, témoignages et récits de vie de femmes et d’hommes du monde académique pour nourrir une réflexion collective.

 

Productions du projet

L’exposition  “La science a-t-elle un genre ?”  sera transportable dans différents lieux de la faculté avec la possibilité de l’emmener sur le campus de Liège, au Sart Tilman et à la place du XX août. Ce contenu mis en forme sera également disponible de manière virtuelle via les canaux de Zherot, la section ressources du site web d’Eclosio, et une diffusion par le service communication de la faculté Gembloux Agro-Bio Tech. Le contenu de l’exposition se compose de trois parties :

  • Des données statistiques liées au genre et à la science. 
  • Des planches de témoignages mises en forme pour, d’une part, visibiliser les vécus des femmes scientifiques de l’Université de Liège et d’autre part, identifier la perception des hommes de ces inégalités et leur vécu en tant qu’homme scientifique.
  • Des pistes de solution et des postures à développer pour déconstruire les stéréotypes propres aux domaines de la science. Il nous tient à cœur d’amener une lecture intersectionnelle dans la compréhension des représentations.

Cette exposition abordera également les questions liées à la « race sociale »², ainsi qu’aux convictions philosophiques et religieuses. Cette exposition sera un outil pédagogique mobilisable par d’autres acteurs, d’autres ONG universitaires, des facultés scientifiques d’autres universités francophones au sein de nos réseaux, pour susciter une réflexion et une mobilisation plus large sur la thématique. 

Envie de t’investir dans le projet d’exposition? Contacte romane.marchal@eclosio.ong

 

 

Partenaires opérationnels

Le collectif Zherot  

Zherot est notre partenaire principal. Ce collectif actif au sein de la faculté de Gembloux Agro-Bio Tech s’inscrit dans une démarche de lutte contre toutes les formes de discriminations (racisme, validisme, sexisme, classicisme, LGBTQIA+ phobie…). Leurs actions s’inscrivent notamment dans le cadre des missions de la cellule universitaire “Gembloux Campus Durable ». Dans une volonté d’aboutir à des changements concrets, ce collectif veut former, sensibiliser et agir pour libérer la faculté de toutes formes d’oppressions et de domination. 

Zherot c’est :  Logo Zherot

Zéro pour 0 discrimination

Heraut pour notre rôle de transmission de messages et de sensibilisation

Héros pour notre volonté d’agir concrètement. 

La faculté Gembloux Agro-Bio TechLogo_GxABT_Gembloux agro-bio tech

La faculté Gembloux Agro-Bio Tech facilite la mise en place du projet, le lien avec les autorités académiques et la diffusion des activités et supports de sensibilisation sur le campus et plus largement à l’Université de Liège. 

 

Partenaire financier

Soutenu par la fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre du projet Alter Égales. 

Alter-égales Fédération Wallonie-BruxellesLogo Fédération Wallonie-Bruxelles

 


¹ intersectionnalité : Pour en savoir plus, lire l’analyse de Romane Marchal « L’intersectionnalité » : un outil au service des mobilisations collectives ? » – 2023

² race sociale : pour en savoir plus sur la notion de race sociale en sociologie cliquez-ici

Durée du projet

1 an (2025)

Cible du projet

  • étudiant·e·s de la faculté agronomique
  • Professeur·es, personnel académique et autorités rectorales de la faculté agronomique

Zones d’intervention

Gembloux, faculté Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège)

Budget

15 000€ dont 13 500€ soutenu par la fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre du projet Alter Egales.

Chargée de projet Eclosio

Romane Marchal  – romane.marchal@eclosio.ong

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