Covid-19 : l’impact sur les populations les plus vulnérables

La crise que nous connaissons a un impact considérable sur la situation économique, sociale, ou encore environnementale, des populations vulnérables avec lesquelles nous travaillons.

Covid-19 : l’impact sur les populations les plus vulnérables
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La crise que nous connaissons a un impact considérable sur la situation économique, sociale, ou encore environnementale, des populations vulnérables avec lesquelles nous travaillons. Par exemple, au niveau de la sécurité alimentaire, nous constatons des situations d’isolement entre régions, communes, villages qui peuvent rendre difficiles, voire impossibles, l’évacuation des récoltes et l’approvisionnement en semences ou autres intrants. Tant la campagne agricole actuelle, que la campagne future risquent donc d’être fortement perturbées.

Dans cet article, faisons le focus sur les conséquences sociales, économiques et environnementales de la crise dans trois de nos pays d’intervention : le Pérou, la Bolivie et le Sénégal.

Au Pérou

Au Pérou, la crise met en lumière les problèmes structurels du pays, causes importantes des inégalités et de la Eclosio_Género_Remtepauvreté. En effet, les systèmes de santé sont à saturation dans certaines régions et la disparité est plus que jamais visible entre le système d’éducation publique et privée, entre le rural et l’urbain. Au niveau socioéconomique, de gros problèmes subsistent et une grande partie de la population se débat entre « Je reste chez moi » et « comment donner à manger à ma famille » (les foyers de contagion principaux sont les marchés où l’on diagnostique environ 50% des commerçants COVID-positifs). Les zones rurales sont vouées à elles-mêmes et de nombreuses communautés paysannes et indigènes ont décidé de fermer volontairement leur territoire. Cependant, depuis fin avril, cet isolement est mis à mal par une autre réaction imprévue, celle d’un retour massif de populations, des villes (en particulier de Lima) vers leurs territoires d’origine.

Nos équipes et partenaires ajustent au mieux leurs actions et l’utilisation des ressources durant cette période, afin de répondre aux besoins et aux défis de l’urgence et la post-urgence. Ainsi, nos partenaires appuient les municipalités dans la gestion de la crise, là où nous sommes présents. Par exemple, l’équipe de la JDDP[1] appuie notamment les actions de désinfection, de préparation et de distribution de paniers alimentaires. Le Consortium Agroécologique Péruvien soutient également la mise en œuvre de systèmes de distribution à domicile de produits agroécologiques à Lima, notamment issus des producteurs∙rices qui sont habituellement présents sur les marchés bio. A travers leurs différents canaux de communication, nos partenaires sensibilisent également les populations sur les mesures sanitaires à prendre et les droits spéciaux (subventions,…) octroyés par l’Etat. Des actions de plaidoyer sont par ailleurs menées au niveau national, afin de défendre au mieux l’intérêt des agriculteur∙trice∙s du pays, pendant et après la crise. Nous plaidons notamment pour leur participation rémunérée à l’approvisionnement des marchés.

En Bolivie

En Bolivie, au-delà des conséquences humaines, la crise actuelle risque d’avoir d’importantes retombées négatives sur l’environnement. En effet, le gouvernement bolivien a choisi de prendre le parti des grandes entreprises pour la réactivation économique. Cela se traduit notamment, durant ce mois de mai, par une proposition de loi en faveur des grands agro-exportateurs de soja, loi qui permet l’entrée de nouvelles semences OGM. La société civile réagit « virtuellement » mais de manière unie et ferme à cette proposition. Si cette loi est approuvée, elle ne fera qu’augmenter la déforestation de l’Amazonie (rappelons que durant les 8 dernières années on estime à plus de 200.000 ha/an la déforestation pour la culture de la soja).

En Bolivie et au Pérou (et de manière générale en Amérique latine), on craint que la pandémie ne se prolonge et que les pics n’arrivent qu’entre juin et septembre 2019. Par ailleurs, il est important de signaler deux problèmes peu visibles liés au confinement et au couvre-feu : (i) la recrudescence de la violence contre la femme et les enfants ; (ii) l’atteinte aux droits de l’homme notamment avec le harcèlement, voire l’assassinat de défenseurs de droits, en particulier de la nature, face aux actions des entreprises extractivistes qui n’ont pas cessé leur activité.

Au Sénégal

Au Sénégal, alors que le nombre de cas augmente, la pandémie impacte les divers volets de la société sénégalaise. Les femmes sont les premières touchées par les mesures de l’Etat (couvre-feu, limitation des déplacements…) du fait de leur importance dans le secteur informel, mais aussi en termes de violences domestiques. Le secteur de l’artisanat a su se montrer résilient face à la crise. Par exemple, de nombreux tailleurs confectionnent des masques certifiés et autres matériels pour aider au lavage des mains… Il est toutefois fort probable que l’on assiste à une crise alimentaire importante et à une baisse de la qualité nutritive des produits, liée également à l’approvisionnement extérieur de denrées pour l’aide alimentaire. De plus, si la pandémie venait à se développer davantage, les services de soins risquent d’être très vite dépassés, de par leur répartition inégale sur le territoire.

Nos équipes adaptent donc leurs actions en réponse à la crise. Nous avons par exemple redirigé une activité de sensibilisation en agroécologie vers une sensibilisation sur le comportement à avoir pour éviter la propagation du virus. A l’échelle nationale, nous travaillons toujours de concert avec les différentes plateformes regroupant les ONG et associations présentes au Sénégal, afin de mutualiser nos forces et de développer des complémentarités dans certains domaines d’intervention (la production et distribution de produits alimentaires notamment).

 

Cette mutualisation se réalise également en interne, au niveau de l’équipe d’Eclosio. Un groupe de travail virtuel, rassemblant notre équipe au siège et nos équipes de terrain, a été mis en place afin d’approfondir nos réactions (défis, actions et propositions d’action) par rapport à la crise COVID-19.

Les efforts se poursuivent donc à tous les niveaux, afin d’éviter que cette crise n’empire la situation des populations vulnérables que nous accompagnons.

[1] Junta de Desarrollo Distrital de Pamparomás