Projet PArTNER – Partnership for Agroecology Transition, Networking and Efficient Resilience – Cambodge – Résumé de l’évaluation à mi-parcours 2024
Objectif du projet
Le projet PArTNER, mis en œuvre de 2022 à 2026 par Louvain Coopération et Eclosio (programme UNI4COOP), vise à :
Promouvoir la transition agroécologique.
Améliorer les revenus et les conditions sociales des familles paysannes.
Renforcer l’équité de genre.
Consolider un système alimentaire local, durable et sûr.
Méthodologie de l’évaluation
Évaluation transversale, Processus collaboratif impliquant les partenaires du projet (ACs/UACs, chercheurs, ONG) avec l’aide d’un Facilitateur externe.
Basée sur les critères de l’OCDE-CAD : pertinence, cohérence, efficacité, efficience, effets/impacts, durabilité.
Données issues de groupes de discussion, entretiens, auto-évaluations, et un atelier participatif.
Principaux constats
Pertinence
Le projet est très pertinent par rapport aux enjeux agricoles, sociaux et environnementaux actuels.
Besoin de renforcer les liens avec les autorités locales (CAO) pour pérenniser les actions.
L’approche pourrait mieux intégrer certaines productions clés (ex : manioc).
Cohérence
Bonne cohérence interne grâce à la théorie du changement (ToC).
Recommandé d’harmoniser davantage cette ToC avec celle du projet ASSET/ALISEA au niveau régional.
Efficacité
Résultats encourageants malgré des retards initiaux dans certains diagnostics.
Le modèle d’extension « farmer-to-farmer » est fonctionnel.
Les Unions de coopératives (UACs), notamment BUAC montrent des progrès notables.
Efficience
Bon rapport coût-efficacité, mais des gains possibles en renforçant les synergies locales.
L’accompagnement technique devrait être davantage personnalisé aux réalités locales.
Effets / Impacts (préliminaires)
Adoption accrue de pratiques agroécologiques par certains agriculteurs.
Émergence de femmes leaders.
Marché encore peu structuré pour valoriser les produits agroécologiques, sauf le riz SRP (Sustainable Rice Platform)
Durabilité
À l’échelle des fermes : adoption des pratiques agroécologiques semble stable.
À l’échelle des organisations : BUAC progresse vers la viabilité, d’autres (TrUAC, coopérative agricole de Kampong Thom) moins avancées.
Pour ALISEA : financement durable en bonne voie grâce à l’appui du SDC.
Recommandations clés
Maintenir une coordination horizontale entre partenaires.
Impliquer davantage les autorités locales (ex : CAO).
Diversifier les supports de diffusion des pratiques agroécologiques
Renforcer la formation et l’accompagnement individualisé des agriculteurs.
Consolider les plans d’affaires des coopératives et unions de coopératives agricoles
Soutenir davantage l’intégration des femmes dans les instances dirigeantes.
Promouvoir l’appropriation du réseau ALISEA par ses membres.
Programme impulSAD Pérou-Bolivie – Impulsons des systèmes alimentaires durables selon une approche basée sur les droits humains
Résumé de l’évaluation mi-parcours 2024
Contexte et objectifs de l’évaluation
Cette évaluation à mi-parcours concerne les « outcomes » impulSAD Pérou et Bolivie, qui font partie du programme quinquennal 2022-2026 du consortium Uni4Coop (U4C), dont le principal bailleur est la Coopération belge au développement (DGD). Les 2 outcomes (Pérou et Bolivie) sont mis en œuvre par 2 membres d’U4C, les ONG belges Louvain Coopération (LC) et Eclosio, et leurs 13 partenaires locaux : 9 Péruviens et 4 Boliviens. La théorie du changement (TdC), l’objectif, les résultats et les indicateurs sont communs aux deux pays.
Le programme est mis en œuvre dans divers contextes culturels et géographiques au Pérou et en Bolivie, avec des populations vulnérables dans des zones rurales et périurbaines, en particulier les femmes et les jeunes, vivant dans la pauvreté, la malnutrition et l’insécurité alimentaire, et dans des dynamiques de développement territorial complexes.
L’évaluation, qui couvre la période de janvier 2022 à juin 2024, a eu une approche qualitative et a analysé de manière réflexive les processus, les progrès et les défis du programme dans son objectif de promouvoir l’exercice des droits individuels et collectifs par les populations rurales et périurbaines vulnérables. Elle a analysé la théorie du changement (TdC) et trois critères du CAD (pertinence, cohérence et efficacité).
Conclusions générales de l’évaluation
Les évaluateurs ont conclu qu’impulSAD, dans sa conception et sa mise en œuvre, fait preuve d’une grande cohérence et pertinence avec les priorités et les politiques des acteurs publics et privés au Pérou et en Bolivie, en s’alignant sur les objectifs clés en matière de sécurité alimentaire, d’agroécologie et d’environnement. Son approche systémique, multisectorielle et multiniveaux va du renforcement des capacités au niveau local avec la gestion des connaissances des agriculteurs, à la défense des politiques publiques par le biais de plateformes multipartites afin de promouvoir des systèmes alimentaires durables et résilients.
Le processus holistique de conception et de mise en œuvre du programme est cohérent et adapté à la multidimensionnalité des systèmes alimentaires, agissant et contribuant à ses composantes : i) production durable ; ii) transformation et stockage ; iii) distribution et commercialisation ; iv) consommation responsable ; v) bien-être social et économique ; et vi) politique et gouvernance.
La plupart de ces composantes sont intégrées dans la conception du programme et, de l’avis de l’équipe d’évaluation, cela marque une différence avec d’autres programmes qui concentrent leur attention sur une ou plusieurs composantes. Outre cet élément « innovant », la perspective holistique est complétée par un accent sur l’inclusion et la défense des droits des groupes vulnérables, avec un accent particulier sur les femmes, ce qui est également spécifique au programme.
La mise en œuvre du programme fait preuve d’une grande cohérence et d’une grande pertinence dans ses mécanismes d’articulation avec les parties prenantes. Ces mécanismes sont les suivants (i) L’articulation avec les institutions universitaires et de formation, à travers des collaborations et la facilitation de la gestion des savoirs et du travail direct avec les familles rurales et périurbaines ; ii) La collaboration avec les gouvernements locaux et les acteurs communautaires, en forgeant des alliances avec les autorités locales pour favoriser le développement inclusif en mettant l’accent sur le genre, et des espaces pour l’entrepreneuriat inclusif et les circuits courts ; iii) Les stratégies de plaidoyer fondées sur des données probantes, en promouvant le dialogue avec les acteurs clés à travers la génération de connaissances pour influencer les politiques publiques et sensibiliser l’opinion publique ; iv) Leadership social et création d’espaces de dialogue, où les partenaires promeuvent des tables rondes d’échange de savoirs avec des acteurs publics et privés pour favoriser la coopération en matière d’agroécologie, d’entrepreneuriat et de développement durable ; et v) Gestion des savoirs et systématisation des expériences par la recherche et la collaboration avec le monde universitaire, dont les résultats contribuent à l’élaboration de politiques et de stratégies de plaidoyer. Cela permet de relier les niveaux locaux à des instances ayant un impact plus important et de promouvoir le développement territorial.
La cohérence et la pertinence du programme au niveau interne se reflètent dans les domaines stratégiques suivants :
Pertinence des partenaires : Les partenaires du programme sont fondamentaux en raison de leur grande expérience dans des domaines tels que l’agroécologie, la sécurité alimentaire et le développement territorial. Leur capacité technique et l’importance qu’ils accordent à l’innovation sociale renforcent leur rôle de chef de file dans la promotion de systèmes alimentaires durables et le plaidoyer politique, générant ainsi des synergies essentielles pour atteindre les objectifs du programme.
Cohérence de la conception avec les stratégies des partenaires : La conception du programme est alignée sur la vision, la mission et les stratégies de ses partenaires, en s’appuyant sur leurs capacités institutionnelles et leurs antécédents dans les environnements locaux. La théorie du changement et la chaîne des résultats reflètent cette cohérence, renforçant la contribution des partenaires aux systèmes agroalimentaires.
Complémentarité et synergies internes : les mécanismes de gestion interne favorisent la collaboration entre les partenaires, mais il est nécessaire d’accroître l’interaction binationale pour tirer parti de l’apprentissage partagé et renforcer l’approche régionale. Les mécanismes de gestion interne (plateformes entre partenaires) sont cohérents avec la conception et la diversité du programme, même s’ils présentent des difficultés de coordination qui limitent parfois leur efficacité ou l’exploitation du potentiel des synergies binationales ; une approche collective plus forte du programme faisant parfois défaut.
Intégralité : l’articulation des voies de changement de la TdC a permis d’aborder la multidimensionnalité des systèmes agroalimentaires, en mettant en évidence la gestion des savoirs en tant que question transversale. L’interrelation entre des thèmes tels que l’agroécologie, le genre et le plaidoyer politique renforce l’efficacité de la mise en œuvre du programme.
Suivi : la TdC et le cadre logique jouent des rôles complémentaires dans le suivi des activités et des résultats. Le cadre logique est utilisé comme outil de contrôle opérationnel et les voies de changement (de la TdC) comme guide des objectifs stratégiques, ce qui permet un suivi complet et adaptatif.
Résumé de la réponse de la direction
La méthodologie des évaluateurs a combiné des focus groups avec la population cible, des auto-évaluations par chaque partenaire et un moment de réflexion collective entre les partenaires locaux et U4C, ainsi que l’analyse et le traitement de sources d’information primaires et secondaires, permettant une évaluation complète.
Une évaluation en bonne et due forme a pu être réalisée, formulant plusieurs recommandations structurées autour des quatre voies de changement de la TdC. Elle a incluts des apports sur les progrès et des recommandations issues de l’analyse des stratégies et de la chaîne des résultats. Les recommandations ont été examinées, approuvées et argumentées dans leur ensemble par U4C, proposant des mesures de suivi et de mise en œuvre pour le reste du programme. La mise en œuvre de ces mesures n’implique pas une réorganisation du programme, mais plutôt de légères adaptations ou la continuité ou l’approfondissement d’approches et d’actions déjà en cours de mise en œuvre. Plusieurs recommandations sont liées au niveau de coordination nationale entre les partenaires, c’est pourquoi elles seront travaillées dans les espaces existants, tels que la co-construction et l’échange de savoirs, la promotion d’outils de suivi, la dynamisation des espaces multi-acteurs ou l’articulation entre les acteurs nationaux et locaux, la promotion d’agendas de plaidoyer communs, la conception de la systématisation des expériences du programme, parmi d’autres.
Le Comité Local de Suivi évalue les premières avancées du projet Delta Mono
Le 13 juin 2025, Eclosio a organisé une réunion du Comité Local de Suivi (CLS) du projet Delta Mono au Centre Nonvignon à Grand-Popo. Ce moment d’échange a réuni une vingtaine d’acteurs locaux pour faire le point sur les résultats de la première campagne agricole du projet.
À propos de Delta Mono
Depuis presque un an, Eclosio s’engage dans un projet dans la Réserve de Biosphère du Delta Mono, intitulée « Renforcer l’usage de pratiques agroécologiques et la construction de systèmes alimentaires durables auprès des agriculteurs et agricultrices exploitants (y compris pêcheurs) au sein de la Réserve de Biosphère du Mono et dans ses périphéries ». Ce projet s’inscrit dans la mise en œuvre de la composante 2 du Programme d’appui à la gestion de la Réserve de Biosphère du Delta Mono, piloté par Enabel et financé par l’Union européenne et la coopération luxembourgeoise.
Son objectif ? Promouvoir des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, renforcer les capacités des acteurs locaux et améliorer l’accès aux marchés pour les produits agroécologiques, avec un accent particulier sur la valorisation du maïs violet comme levier de transformation des systèmes agricoles et alimentaires.
Un moment clé de dialogue et de redevabilité
Cette première réunion du Comité Local de Suivi (CLS) a marqué un moment de dialogue et de redevabilité rassemblant 24 acteurs locaux : représentants·es des collectivités locales (mairies), des organisations paysannes, des services techniques déconcentrés, des bénéficiaires et des membres de l’équipe du projet. L’objectif principal de cette réunion était de partager les résultats obtenus au terme de la première campagne agricole, d’analyser les défis rencontrés et de recueillir les observations et recommandations des acteurs locaux. Ce moment d’échange a également permis de renforcer la dynamique participative autour du projet et d’assurer une meilleure coordination entre les différents acteurs.
Des résultats concrets au service de la résilience locale
Parmi les résultats partagés lors du CLS, plusieurs avancées significatives ont été relevées :
25 Champs Écoles Paysans (CEP) ont permis à plus de 500 productrices et producteurs de se former à des pratiques agroécologiques : association mais et légumineuses, usage de biofertilisants et biopesticides, gestion des résidus de récoltes, lutte biologique, etc. ;
60 AVECs(Associations Villageoises d’Épargne et de Crédit) ont été appuyées dans leur redynamisation grâce à des kits de gestion, des formations en éducation financière, et un accompagnement dans les activités génératrices de revenus, avec une attention portée à l’équité de genre et à la masculinité positive ;
Des équipements écoresponsables (moulins, séchoirs, calibreurs, bâches) ont été distribués auprès des transformatrices et semenciers, pour renforcer la chaîne de valeur maïs ;
L’ANPM, faîtière nationale du maïs, a bénéficié d’un appui stratégique : diagnostic institutionnel, mise en œuvre d’un plan d’action, formation de ses élus·es, et dotation en matériel ;
La valeur commerciale du maïs violet a été renforcée à travers un cluster structurant, une stratégie de commercialisation concertée en co-construction, et la participation à des foires agricoles locales ;
Une production de savoirs appliqués a été amorcée, notamment sur les auxiliaires de culture, avec la co-élaboration de supports techniques pour les producteurs et les agents de terrain.
Apprendre des défis pour renforcer les actions
En tant qu’ONG universitaire, Eclosio cherche également à questionner de manière critique et réflexive ses actions. Ainsi, le CLS a mis en lumière plusieurs défis concrets auxquels les acteurs sont confrontés, tels que la sécheresse prolongée, les attaques de ravageurs, les difficultés d’accès aux intrants biologiques, ou encore des dynamiques collectives à renforcer dans certaines localités. Des réponses ont déjà été esquissées lors de la réunion (p. ex. recours à des semences plus résilientes, renforcement du dialogue communautaire) et seront poursuivies et renforcées dans les mois à venir. Tant les avancées que les défis identifiés soulignent la nécessité d’une remise en question continue de nos pratiques, et de rester à l’écoute des réalités du terrain.
Et maintenant ?
Ce premier Comité Local de Suivi confirme l’importance d’un suivi participatif régulier, dans un esprit de dialogue et de transparence. Fort des enseignements tirés de cette rencontre, Eclosio s’engage à intégrer dans les prochains mois ces pistes d’amélioration dans la mise en œuvre du projet. Aux côtés de ses partenaires, l’ONG poursuivra l’accompagnement d’une transition agroécologique juste, inclusive et durable, au service des communautés locales et de la résilience des territoires du Delta Mono.
Le mardi 24 juin 2025, Eclosio a participé à l’atelier de lancement officiel du projet PROMAK (Protection des Mangroves de Konkouré), organisé à l’hôtel Le Chien Qui Fume, dans la commune urbaine de Dubréka. Il s’agit d’une initiative d’envergure inscrite dans le programme NaturaGuinée, financé par l’Union européenne.
Organisé par le consortium GRET (chef de file), Eclosio et Guinée Écologie, en collaboration étroite avec l’Office Guinéen des Parcs Nationaux et Réserves de Faune (OGPNRF), cet atelier marque le démarrage opérationnel d’un projet ambitieux dont l’objectif est de créer une aire marine protégée dans le paysage des mangroves du Konkouré. En parallèle, le projet vise à promouvoir la conservation de la biodiversité et le développement d’une économie verte au bénéfice des communautés riveraines.
Photo de famille lors de l’atelier de lancement du projet PROMAK
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence du Secrétaire général du ministère de l’Environnement et du Développement Durable (représentant Madame la Ministre de l’Environnement), du Directeur général de l’OGPNRF, du Chef de la coopération de l’Union européenne en Guinée, ainsi que de représentants des services techniques, des organisations de la société civile et des collectivités locales.
Ce lancement marque une étape clé dans la mise en œuvre du projet et ouvre la voie à une collaboration étroite entre les partenaires, en faveur de la conservation et la protection de la biodiversité des mangroves du Konkouré.
Faites le tour des dernières actualités de nos projets au Sénégal, Bénin et en Guinée dans ce dixième numéro du bulletin d’information de février 2025, publié par l’équipe d’Eclosio Afrique de l’Ouest.
Dans le cadre de son master en Sciences de l’éducation à l’Université de Liège, Victor Chavanne est parti plus d’un mois au Pérou l’été 2024 dans le but de mieux comprendre les méthodes d’apprentissage collectif des paysans et paysannes. Il nous partage dans cet article les apprentissages majeurs qu’il a retenu de son séjour d’étude.
Après 5 semaines de stage au Pérou, au sein de l’ONG belge ECLOSIO, je souhaite par cet écrit exprimer un bref retour sur mon expérience qui a été enrichissante tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel. Mon objectif principal était d’étudier le partage des connaissances et des bonnes pratiques entre agriculteur·ices, notamment à travers des méthodes de co-apprentissage et de recherche-action participative. J’ai aussi approfondi ma compréhension des enjeux liés à l’agriculture familiale et à l’agroécologie dans les districts de la Merced et d’Aija, au sein de la province d’Aija dans le département d’Ancash, sur la Cordillère des Andes, à une altitude oscillant entre 3000 et 5000 mètres d’altitude.
« Mon objectif principal était d’étudier le partage des connaissances et des bonnes pratiques entre agriculteur·ices, notamment à travers des méthodes de co-apprentissage et de recherche-action participative. »
Pour mener à bien ma recherche, j’ai participé à divers ateliers de formation et à des colloques sur l’agroécologie au Pérou.
Le genre de formation à laquelle on ne dit pas non…
Par ailleurs, j’ai interviewé une dizaine d’agriculteur·ices en réalisant une expérience immersive.
Victor à l’écoute d’agriculteurs (1)
Victor à l’écoute d’agriculteurs (2)
Victor à l’écoute, à même le champ… Immersion totale
Partager leur quotidien et les accompagner dans leurs tâches m’a amené à comprendre davantage les défis auxquels ils et elles font face, notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau et aux marchés locaux.
Au-delà de mon étude, j’ai eu l’opportunité de rencontrer des personnes remplies de bienveillance et de générosité, disposées à partager leurs savoirs, leurs expériences. Leur ouverture d’esprit et leur altruisme m’ont profondément marqué. À l’ère de la mondialisation, ces rencontres m’ont permis de prendre conscience de l’urgence de soutenir l’agriculture familiale dans un monde où les changements climatiques et la malnutrition se font de plus en plus ressentir.
« À l’ère de la mondialisation, ces rencontres m’ont permis de prendre conscience de l’urgence de soutenir l’agriculture familiale dans un monde où les changements climatiques et la malnutrition se font de plus en plus ressentir. »
En dehors de mes objectifs de stage, ce séjour m’a également permis de mieux appréhender l’histoire, la géographie et la riche culture péruvienne à travers ses coutumes, sa gastronomie, ses danses et ses fêtes hautes en couleur.
Par ce message, je tiens une fois de plus à exprimer toute ma gratitude envers l’ensemble des agriculteurs que j’ai eu la chance de rencontrer ainsi qu’envers les équipes d’Eclosio et de Diaconía. Sans le soutien de ces dernières, leur écoute et leur organisation, il m’aurait été impossible de mener à bien mon étude et de vivre une expérience aussi instructive. Enfin, je souhaite remercier l’Université de Liège et le Centre pour le Partenariat et la Coopération au Développement (Pacodel), sans lesquels ce voyage n’aurait pas pu se concrétiser.
Victor entouré de l’équipe Diaconía de l’Ancash
En conclusion, je recommande vivement cette expérience à tout·e étudiant·e ouvert·e d’esprit, maitrisant l’espagnol, prêt à sortir de sa zone de confort et désireux de découvrir de nouvelles expériences dans les domaines de l’éducation et de l’agroécologie au sein des pays andins.
Juliette RASIR, 23 ans, participante belge au projet européen “The Future We Want” .
Etudiante en master de géographie orienté sur les changements globaux, elle s’engage régulièrement dans des projets engagés pour la justice sociale et climatique. Animée par la volonté de changer les choses, elle a participé au projet “The Future We Want” (FWW) pour ajouter sa pierre à l’édifice aussi bien en sensibilisant les gens dans les rues qu’en rencontrant des responsables politiques dans différentes villes européennes pour présenter les revendications politiques élaborées par le projet.
Elle nous livre en toute franchise, à travers cet article intitulé « The Future We Want : Immersion dans les challenges d’un projet à portée internationale, entre capitalisme et militantisme », le résultat de son analyse critique du projet FWW avec sa casquette de jeune participante.
Le projet « The Future We Want », c’est un projet à échelle européenne qui a réuni pendant quasi un an, 45 volontaires venant de 9 pays d’Europe : Finlande, Serbie, France, Italie, Slovénie, Allemagne, Portugal, Roumanie et Belgique. Chaque pays était représenté par une ONG qui supervisait une équipe de 5 participant·es ainsi qu’un·e coordinateur·ice. Au total, c’est un groupe d’une soixantaine de personnes qui a fait évoluer le projet « The Future We Want », un projet long et ambitieux, aux allures militantes.
Mon attrait initial pour le projet était son accent international et son engagement fort pour une société plus durable et l’empowerment d’une jeunesse européenne. J’ai postulé sans réfléchir dès que j’ai vu l’appel à candidature d’Eclosio. Surtout, je voulais m’investir pleinement dans un projet engagé quelle que soit sa thématique, tant qu’il promeuve un changement de cap sociétal qui respecte les personnes et les ressources environnementales.
C’était la première fois que j’étais immergée dans un environnement de réflexion collective qui me donnait le droit de prendre de la place et de défendre mes engagements. Dès le début, j’étais très motivée par l’effet de groupe. C’est cette énergie qui m’a portée tout du long (…)
L’année s’est découpée en plusieurs périodes de préparation et de formation, en ligne et en présentiel. Tout au long du processus, le groupe a réfléchi collectivement à la meilleure façon de saisir ce projet comme une opportunité pour exiger de la société des changements, et une justice climatique pour tous·tes.
C’était la première fois que j’étais immergée dans un environnement de réflexion collective qui me donnait le droit de prendre de la place et de défendre mes engagements. Dès le début, j’étais très motivée par l’effet de groupe. C’est cette énergie qui m’a portée tout du long à sensibiliser le plus grand nombre et à interpeller le monde politique sur nos revendications.
Notre objectif principal était de faire progresser les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 à travers l’Europe. Pour ça, nous avons ciblé une thématique précise en nous concentrant sur l’industrie de la fast-fashion, et plus particulièrement sur tout ce qui concerne sa publicité. Nous avons porté 4 recommandations claires :
Intégrer l’interdiction de la publicité pour la fast fashion dans le cadre de l’European Green Deal afin de dissuader les comportements de consommation non durables. Inspirée par le projet de loi français, cette mesure devrait couvrir à la fois les publicités physiques et numériques, ainsi que la promotion réalisée par les influenceurs sur les réseaux sociaux.
Lutter contre le greenwashing publicitaire en adoptant la directive européenne existante sur les allégations écologiques, qui exige que toute déclaration environnementale soit validée scientifiquement par des organismes tiers indépendants.
Encadrer les pratiques des marques de fast fashion en limitant la production de vêtements à un maximum de quatre collections par an, avec un plafond de trois lancements (drops) par marque.
Exiger des États membres de l’union européenne qu’ils appliquent des sanctions aux entreprises de fast fashion qui dépassent ces plafonds, dans le but de limiter la surproduction.
Un projet inspirant à explorer sous tous ses angles : déroulement et structure du projet
Le projet s’est déroulé en quatre phases :
Un module d’apprentissage en ligne de 4 mois ;
Une semaine de formation en Roumanie pour réfléchir ensemble à la thématique que nous allions défendre et préparer le voyage militant de l’été ;
Une période de 4 mois consacrée à la préparation des actions de sensibilisation et de plaidoyer,
Une campagne de 3 semaines à bord d’une caravane transnationale, durant laquelle nous organisions des manifestations de rue dans 17 villes européennes et rencontrions des représentant·es politiques des lieux visités. En parallèle, nous menions une campagne en ligne et élaborions un “Manifeste de la Jeunesse”, une vision de l’avenir fondée sur les idées recueillies auprès des jeunes concernant les problématiques liées à la fast fashion.
La première phase était destinée à nous former aux 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), à se familiariser à défendre et rédiger du plaidoyer, et poser les bases pour réaliser des campagnes de sensibilisation de rue efficaces. Cependant, pour un projet de collaboration internationale, les débuts à distance ont compliqué les échanges, les liens et l’attachement au projet. Malgré les vidéos de présentation et les interactions en ligne, de vrais liens n’ont pas pu se créer naturellement. La motivation et la bonne volonté étaient là, mais il était difficile de s’investir pleinement dans les sujets. D’autant plus que, personnellement, j’avais déjà eu l’occasion d’étudier les ODD dans le cadre de mes cours universitaires. Heureusement, les participant·es partageaient aussi des recommandations de films ou de livres en lien avec les thématiques, ce qui ajoutait une touche d’échange authentique et vivant ! Dans certains modules, on nous demandait de partager des expériences locales dans nos villes. En lisant celles des autres, je me rendais compte que nos réalités et nos luttes se rejoignaient souvent.
Un pilier de l’équipe, c’était l’honnêteté dans le partage de nos ressentis et nos émotions. A chaque début de réunion, on faisait le point ce qui permettait de cerner les appréhensions, parfois les peurs, de chacun·e.
C’est également durant cette première phase que l’équipe belge s’est réunie pour la première fois, donnant une dimension plus humaine au projet. Nous étions 6 : Romane, Luther, Ornella, Leina, Pauline et moi. La plupart d’entre nous étaient découragé·es par les modules en ligne. Nous étions souvent l’équipe la moins à jour… Cela dit, voir que chacun·e avait les mêmes difficultés me rassurait. Malgré nos personnalités très différentes, nous étions dans le même état d’esprit vis-à-vis du projet. Nos premières rencontres ont permis à chacun·e de trouver sa place et d’apporter son énergie et ses compétences, le tout dans un équilibre assez naturel. Le fait de ne pas savoir exactement où ce projet nous menait a aussi renforcé nos liens. Cette confiance mutuelle au sein de l’équipe a été un véritable boost.
Un pilier de l’équipe, c’était l’honnêteté dans le partage de nos ressentis et nos émotions. A chaque début de réunion, on faisait le point ce qui permettait de cerner les appréhensions, parfois les peurs, de chacun·e. Ce soutien et cette écoute active ont forgé rapidement une cohésion forte au sein de l’équipe.
Enfin, par chance, ou peut-être grâce à la sélection des candidatures d’Eclosio, nous partagions des valeurs et des centres d’intérêt communs. Par exemple, lorsque nous avons discuté de la façon dont nous allions nous rendre en Roumanie pour la semaine de formation, nous avons toutes été unanimes et enthousiastes à l’idée de prendre le train. Ce voyage de 30 heures, avec ses embûches, a permis de partager ensemble une première expérience incroyable. Pour nous, il était évident de voyager de manière durable. Nous souhaitions que nos choix soient cohérents avec les valeurs que nous véhiculions au sein de « The Future We Want ».
La deuxième phase du projet s’est déroulée lors d’une semaine de formation en Roumanie, marquant la première rencontre du groupe international. Que de rencontres ! Durant ce séjour, nous avons établi la thématique à défendre lors de la caravane militante.
Dès le début, une charte a été élaborée pour encadrer le bon déroulé du séjour et de la vie en communauté. Dans le cadre d’un projet axé sur un futur durable, il était clair que nous devions respecter des « contraintes écologiques » : éviter les plastiques à usage unique, privilégier le thé au café, et adopter un régime végétarien lors des repas communs. Cependant, j’ai rapidement été frappée par le nombre de discussions et de négociations destinées à contourner ces règles… Tristement, privilégier les mobilités douces pour se rendre à la formation n’était pas un impératif écologique obligatoire à suivre. De fait, nous étions la seule équipe nationale à se déplacer complétement de manière verte. Je n’avais jamais voyagé aussi loin, aussi lentement. Cela m’a fait prendre conscience que tous les voyages sont possibles à accorder avec des engagements pro-environnement. Il faut juste prendre le temps.
Là où certain·es ne voyaient pas d’inconvénient à prendre 4 avions aller-retour pour se rendre en Roumanie et sensibiliser les gens à acheter des vêtements en seconde main. Moi j’y voyais un manque de sens et de convictions. Comme du greenwashing de l’activisme.
Le principe d’intersectionnalité des luttes a été difficile à faire accepter pendant la semaine à Busteni. On se voyait souvent dire qu’il fallait ne choisir qu’un sujet à défendre au sein du projet. Mais pour moi, la lutte environnementale, c’est un tout. Là où certain·es ne voyaient pas d’inconvénient à prendre 4 avions aller-retour pour se rendre en Roumanie et sensibiliser les gens à acheter des vêtements en seconde main. Moi j’y voyais un manque de sens et de convictions. Comme du greenwashing de l’activisme. Derrière les étiquettes d’activistes pour l’environnement se cachent parfois des personnes dont les modes de vie ne sont pas en accord avec ce qu’iels défendent.
Un autre exemple de contradiction qui m’a frappée, c’étaient les goodies qu’on a reçus au début de la caravane pour qu’on soit reconnaissable pendant les campagnes de rue. Nous avons reçu chacun·e un chapeau et un sac à porter pendant les actions de rue. Pour un projet engagé contre la fast fashion et le consumérisme … c’était un non-sens.
Concernant le programme, la semaine de formation était essentiellement consacrée à des discussions intensives en petits groupes ou en plénière pour concevoir nos futures campagnes de sensibilisation. Cette semaine était également ma première immersion dans un projet basé sur l’intelligence collective. Les journées étaient longues et souvent émotionnellement chargées. Beaucoup considéraient leur participation au projet comme une chance, et chacun·e était très attachée à partager ses points de vue et ressentait une forte pression, sûrement liée à un mélange de fort enthousiasme et d’éco-anxiété, pour promouvoir un message percutant afin de provoquer un changement sociétal. Défendre ses idées n’était pas simple, car les débats, en anglais, avançaient rapidement et révélaient parfois des divergences profondes au sein du groupe. Parfois, des décisions radicales ont été prises et ne prenaient pas en compte tous les points de vue de la même manière. Les coordinateur·ices de chaque pays n’étaient pas présent·es durant cette semaine, la dynamique aurait certainement été différente avec leur soutien.
Durant toute la semaine, j’ai appris à défendre mes positions et prendre de la place dans les discussions malgré mon anglais hésitant lors de discussions techniques. Ça me tenait à cœur d’accorder toutes mes compétences et mon énergie pour défendre mes idées parfois bien tranchées. Je souhaitais que le projet porte sur des thématiques autour de l’alimentation durable, la souveraineté alimentaire ou encore la relocalisation agricole à l’échelle européenne. Surtout que la semaine en Roumanie se déroulait quelques semaines seulement après les manifestations des agriculteur·ices devant le parlement européen de Bruxelles contre l’accord UE-Mercosur.
Beaucoup considéraient leur participation au projet comme une chance, et chacun·e était très attachée à partager ses points de vue et ressentait une forte pression, sûrement liée à un mélange de fort enthousiasme et d’éco-anxiété, pour promouvoir un message percutant afin de provoquer un changement sociétal.
Il fallait gérer ses émotions et ses attentes. Pour ça, une des solutions collectives était les « caring groups », des groupes de parole où se réunir quotidiennement, pour celleux qui le voulaient, pour libérer ses émotions positives ou négatives. Ces groupes me rappelaient que nous étions tous·tes dans le même bateau et que nous partagions les mêmes craintes parfois.
Comme cité plus haut, deux grandes approches divisaient le groupe. Une partie d’entre nous, dont l’équipe belge, avait à cœur de porter un discours axé sur la décroissance et une critique systémique visant à mettre en lumière les inégalités et les impacts environnementaux et sociaux du capitalisme. Faire pression sur les institutions publiques afin d’inspirer les changements que nous voulions de la société. A l’inverse, l’autre partie était déterminée à cibler les individus avec une volonté de renseigner, sensibiliser l’opinion publique, de la motiver à changer ses habitudes de consommation. Portée sur les actions du quotidien, en misant sur la responsabilité des individus comme moteur de changement. Deux visions difficiles à concilier, avec la première qui dénonce le système et la seconde les comportements des citoyen·nes.
Cette deuxième option n’était, selon moi, pas une stratégie productive pour provoquer un changement. Nous manquions terriblement de légitimité car nous-mêmes n’étions pas des exemples à suivre en termes de consommation éthique et durable. Cela dit, avec le recul, je pense que faire une critique systémique et aborder la décroissance aurait été délicat, compte tenu de l’empreinte environnementale du projet en lui-même : des déplacements énergivores aux repas, beaucoup d’aspects n’étaient pas à la hauteur de nos espoirs de changement.
Puis, aborder la décroissance, ça ne plaisait pas. Le projet était financé par « The European Youth Together Program », un financement de projets européens. 50 jeunes représentant 9 pays différents qui appellent à un basculement global du système, ça n’était pas possible.
A prendre et à laisser : forces et faiblesses du projet “The Future We Want”
Cet article est un témoignage uniquement basé sur mon expérience, un ensemble de réflexions qui me restent en tête sur des questions que je me suis posées tout au long de l’aventure. Avec du recul, voici les points positifs et négatifs que je garderai en mémoire de ce projet.
Tout au long du projet, il était facile d’échanger sereinement. Je n’avais jamais évolué dans un groupe où il y avait autant d’espaces et de temps dédiés au débat. Cela étant, peut-être était-ce dû au nombre, mais tous les avis n’étaient pas pris en compte de la même manière. Parfois, on avait même l’impression que les idées prenaient une direction contraire aux avis majoritaires du groupe. Comme si s’exprimer, c’était ok ; mais que faire valider son avis c’était se heurter à une ligne directrice du projet dont nous n’avions pas connaissance. Il fallait trouver des consensus et parfois cela créait beaucoup de frustrations.
Durant cette formation, j’ai appris à être à l’aise à défendre mes points de vue jusqu’au bout, quelles que soient les ambiances et les avis contraires. Dans l’idée que je ne pouvais pas me sentir à l’aise dans un environnement que je n’approuvais pas totalement ou que je n’avais pas essayé de m’approprier.
Lors du recrutement des participant·es, tous les pays n’ont pas adopté les mêmes caractéristiques. Par exemple, Eclosio, l’ONG belge, recherchait des jeunes déjà engagé·es dans un ou des collectifs et qui souhaitaient poursuivre leurs réflexions sur le monde qui les entoure (les rapports de genre, les inégalités sociales, la crise climatique…) et interroger les systèmes politiques, économiques et sociaux. Après la sélection, nous étions 5 étudiant·es inconnu·es alors que d’autres équipes nationales étaient composées de collègues habitué·es à travailler et participer à des formations ensemble. Forcément, ces rapports de force ont influencé la trajectoire qu’a pris le projet.
En général, dans des milieux inconnus, il peut être délicat d’oser s’exprimer, par peur ou en pensant que d’autres savent mieux ou expliqueraient mieux. Durant cette formation, j’ai appris à être à l’aise à défendre mes points de vue jusqu’au bout, quelles que soient les ambiances et les avis contraires. Dans l’idée que je ne pouvais pas me sentir à l’aise dans un environnement que je n’approuvais pas totalement ou que je n’avais pas essayé de m’approprier.
Toutes et tous porté·es par l’intérêt pour les institutions européennes, nous avons chacun·e apporté notre pierre à l’édifice. Certaines personnes à l’aise de porter la voix du groupe ont aidé les autres à apprendre, et finalement c’est à 50 que nous nous sommes retrouvé·es au parlement européen de Bruxelles. Durant les rendez-vous avec les député·es européen·nes, chacun·e était libre de débattre et de présenter les revendications du projet à condition qu’iel avait participé à la préparation en amont des rendez-vous.
Ces réunions politiques nous ont permis de voir les inside du monde politique et à quel point les blocages de la mondialisation et du capitalisme étaient puissants. De fait, malgré un objectif de campagne simple et bénéfique à tous les niveaux, nous étions parfois impuissant·es, face à des murs. Au final, nous n’avons pas réussi à mobiliser suffisamment de forces vives pour implémenter une loi visant à bannir la publicité pour la fast-fashion. Mais la lutte continue et les plus motivé·es d’entre nous continuent de plaidoyer. Notre angle d’attaque est clair, nous voulons bannir la publicité de la fast-fashion afin de préserver la santé mentale des jeunes, les droits humains des personnes ouvrières qui fabriquent les vêtements de fast-fashion, et mettre en avant les savoir-faire et alternatives textiles locaux.
Ces réunions politiques nous ont permis de voir les inside du monde politique et à quel point les blocages de la mondialisation et du capitalisme étaient puissants.
Après un an, on peut faire le bilan des effets qu’a eu notre campagne. Malgré nos grandes ambitions, notre projet d’implémenter une loi dans le Green Deal européen n’a pas encore abouti. Nous sommes face à des instances puissantes dont il est très dur de comprendre les mécanismes. Cela étant, tout au long du voyage, nous avons échangé et partagé des solutions de consommation plus durables avec des milliers de personnes en réalité ou en ligne, et ça c’est une victoire.
Dans la rue, nous avons également été amené·es à aborder et débattre avec les citoyen·nes. C’était une nouvelle expérience pour moi. Les refus et paroles de certain·es me remettaient souvent face à face avec mes ambitions. Il faut savoir gérer les désillusions et revoir ses attentes. Mais nous étions tous·tes solidaires, notamment, lors des échanges dans des langues étrangères, il fallait s’entraider. La force du groupe c’était son énergie globale, son entraide et son nombre. Grâce à ce nombre, nous attirions très fort l’attention et nous nous approprions facilement les rues et les espaces. Notre énergie faisait parfois arrêter les gens de loin, qui nous filmaient… C’est vrai que nous ressemblions parfois à un cirque ambulant. Nous attirions beaucoup l’attention en jonglant, chantant, dansant, aussi durant notre forme théâtrale. Notre côté amateur pouvait rendre certaines activités un peu clownesques.
Notre énergie faisait parfois arrêter les gens de loin, qui nous filmaient… C’est vrai que nous ressemblions parfois à un cirque ambulant.
En parallèle des rendez-vous politiques et des rencontres dans la rue, nous avons eu la chance de découvrir tout un réseau d’acteur·ices qui lutte pour une industrie textile de qualité et respectueuse des droits humains et environnementaux. Durant la caravane transnationale, nous avons été mis en contact avec des ONGs, des corps de métier textiles, des artistes… Nous avons découvert des endroits alternatifs à la mode dominante. Ces moments participent grandement au fait de garder espoir, de se retrouver et de conserver l’énergie de lutter pour du mieux. Je pense à la rencontre avec achACT à Bruxelles, la coopérative sociale “Insieme” à Vicenze en Italie, deux couturières passionnées, Zaza lors de l’exposition aux Chiroux à Liège, la performance Sisypholia, le concert de Pepe, la donnerie nomade, …
Il a également fallu faire preuve de créativité lors de la création des activités pédagogiques sur le thème de la fast-fashion. A 50, nous étions une pépinière d’idées. Chacun·e, nous avons été challengé·e à créer des choses que nous n’avions jamais faites : des scènes d’improvisation théâtrale, des jeux sérieux, des performances artistiques, des jeux de société, une chanson, des supports matériels et visuels, des campagnes de sensibilisation en ligne sur les réseaux sociaux, un site internet…
Notre angle d’attaque est clair, nous voulons bannir la publicité de la fast-fashion afin de préserver la santé mentale des jeunes, les droits humains des personnes ouvrières qui fabriquent les vêtements de fast-fashion, et mettre en avant les savoir-faire et alternatives textiles locaux.
Une caravane qui continue sa route vers de nouveaux caps
Depuis la fin de la caravane militante, l’équipe belge a pour nouvel objectif de changer d’échelle. De s’ancrer dans le territoire belge et de changer les choses au niveau national en collaboration avec la panoplie des acteur·ices slow fashion. Cela, tout en gardant un contact et un coup d’œil sur ce que font nos 8 pays voisins et se partager les bonnes idées et les bonnes nouvelles. En plus de s’attaquer aux lois nationales, nous continuerons d’entretenir un réseau transnational d’acteur·ices engagé·es pour la slow fashion.
De fait, pendant 9 mois, nous avons formé un groupe bienveillant, dynamique, animé par la citoyenneté active et motivé à porter la voix d’une jeunesse qui veut d’un monde vivable pour les prochaines années et où les interactions entre l’humain et l’environnement s’exercent harmonieusement.
Vers la transition agroécologique, l’insertion socioéconomique de populations fragilisées et un engagement citoyen face aux enjeux sociétaux et climatiques
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