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Par cet article, je souhaite faire part de mon expérience de stage, réalisé au Cambodge au sein d’Eclosio dans le cadre du programme UNI4COOP, à de futurs stagiaires désireux d’aller au-delà de la simple pratique d’application théorique académicienne.
C’est pour conclure la troisième année du Bachelier en coopération internationale que j’ai réalisé mon stage d’intégration professionnelle avec Eclosio. Mais bien avant le Bachelier, j’ai tout d’abord commencé par endosser les casquettes de graphiste de directeur artistique publicitaire et de webdesigner. Dans une lente et progressive « quête de sens » j’ai changé mes casquettes par de nouvelles. Cuisinier tout d’abord et producteur maraîcher bio ensuite. Ces dernières ont nourri un certain intérêt pour l’alimentation et l’agriculture mais m’ont surtout fait prendre conscience de l’état du secteur agricole et du quotidien de celles et ceux qui en sont les premiers protagonistes.
J’avais déjà des vues sur Eclosio pour réaliser mon stage car je m’étais intéressé à ses travaux et programmes dès les débuts du Bachelier. Mais pas uniquement. En effet, en plus de leur longue expertise, connaissances et savoirs, j’ai également choisi Eclosio car je me sentais partager un certain regard sur ce que doit être la coopération, ce regard porté sur la collaboration, sur le renforcement de capacités et sur l’exercice et le respect des droits civiques. Le moment venu, j’ai décidé de m’y porter candidat stagiaire.
Les programmes de stage proposés dans divers autres pays semblaient correspondre à mes attentes, mais j’avais dès le début une préférence pour le programme Cambodge et l’intérêt de travailler en anglais afin d’améliorer ma pratique de cette langue. Donc, courriels, entretiens, discussions, blagues et cafés, c’était signé ! Maman, je pars au Cambodge !
Le Cambodge. Sans doute pour une certaine curiosité mystique. Une nostalgie esthétique de la période coloniale ou bien une idée de bout du monde perçu dans cette contrée tropicale atteignable par-delà les montagnes et la jungle qu’à dos d’éléphant ou encore à chercher à révéler la spiritualité profonde de mon moi intérieur. En d’autres mots, partir à la rencontre d’une autre culture et vivre une expérience humaine.
Professionnellement, sans rentrer dans les détails de mes tâches quotidiennes, je simplifierais en disant que ce stage n’a pas révélé de grande découverte en moi. Mise à part quelques éléments théoriques vus en cours que j’ai pu mettre en pratique comme par exemple les enquêtes ou la recherche d’informations, pour le reste c’était du déjà-vu. Cela est bien entendu dû au fait de mon expérience professionnelle passée.
D’un point de vue relationnel, avec le staff local, mise à part quelques points comme par exemple une façon très cadrée / structurée de travailler, cela ne m’a pas semblé bien différent de ce que je connaissais déjà. Par contre ils sont très ponctuels sur l’heure du déjeuner. Midi c’est midi et ils ne se contentent pas (heureusement d’ailleurs) d’un simple sandwich insipide à la farce d’usine. On parle ici d’un vrai repas avec du riz, des fourmis rouge bien croustillantes accompagnés de quelques larves ou bien d’escalopes de serpent !
Cela étant dit, il est très agréable de travailler avec les cambodgiens et cambodgiennes car on ne ressent ni stress ni pression. Cela ne veut pas dire qu’ils n’en ont pas mais leur façon d’être et d’agir ne va laisser transparaître que très peu ce genre de sentiments.
Les relations hors cadre de travail, là par contre c’est autre chose. C’est une belle découverte et je pourrais écrire quelques pages sur tous les ressentis et bons moments passés en compagnie des cambodgien·ne·s. J’ai aussi dû prendre sur moi plusieurs situations assez invraisemblables mais avec une grande bouffée de respiration et beaucoup de relativisme, les nuages sombres se sont vite résorbés. Mais je ne peux parler des relations avec les cambodgiens si je ne parle pas de cette rencontre avec Sovandet.
Sovandet, membre du staff local, est le garçon qui m’a accompagné tout le long du stage et même en dehors. Je peux dire que j’ai un ami sur ce que ce mot à de plus noble. Il est le Cambodge à lui tout seul et je ne peux éviter d’exprimer le bonheur d’écrire qu’il me manque. Mon ami me manque.
Arrivé en fin de stage et de retour en Belgique, je ne peux que conclure sur une grande satisfaction de cette expérience professionnelle, culturelle et humaine. Je ne cache pas que le retour fût pour moi un moment fort difficile à passer. J’ai remis en question le travail effectué et mon moral était au plus bas. Je me suis senti tellement proche des cambodgiens culturellement parlant avec ma culture sud-américaine que le choc des cultures s’est produit à mon retour en Belgique et non l’inverse.
Mais cette expérience m’a clairement rassuré sur mon choix d’être un futur acteur de la coopération au développement et qui plus est un acteur de terrain et pas (trop) de bureau. Elle m’a également poussé à vouloir en apprendre toujours plus, ce qui fait qu’actuellement je suis en Master 1 des sciences de la population et du développement à l’Université Libre de Bruxelles.
Enfin pour terminer, si je peux me permettre quelques conseils à de futurs stagiaires je dirais de bien vous couvrir de répulsif d’insectes surtout au niveau des coudes, poignets, genoux, chevilles et les pieds en général. Malgré la chaleur je me suis retrouvé à devoir porter des chaussettes pour me protéger des piqûres ! Il y a beaucoup de moustique à Phnom Pen et moins dans les campagnes. Porter des vêtements longs en lin ou coton. Enfin je conseille de goûter aux pâtisseries locales dont une femme passe presque tous les matins devant le bureau avec sa chariote. Sinon je conseille surtout de garder éveillés vos cinq sens en permanence pour apprécier la richesse de ce pays et de sa population.
Luis, Stagiaire au Cambodge (2018).